lundi 4 mai 2009

BIOGRAPHIE DE SALIF


Salif Keïta est un chanteur et musicien Malien, né à Djoliba le 25 août 1949.

Etre Noir à la peau blanche n'est pas de bon présage dans les traditions africaines.
Né albinos, Salif Keïta a appris de cette "différence" la tolérance envers son prochain et l'amour des hommes quel que soit leur aspect.

Enfant il est rejeté par son entourage qui considère sa couleur de peau comme une malédiction. « Dans les villages, on dit que la naissance d’un albinos rend la famille impure. Je vivais isolé à cause de ma différence physique, mis à l’index par les croyances de mon pays qui faisaient de moi, noir à la peau blanche, un être maléfique aux pouvoirs néfastes. Ma mère devait me cacher de la vindicte des foules et mon père, honteux, ne m’adressait pas la parole. »

Mais de cette absence de mélanine apparaîtra son amour pour la musique. « Ma vue était altérée et la peau brûlait sous les rayons de soleil. Je ne pouvais pas travailler très longtemps dans les champs. Je me contentais de crier pour chasser les babouins et les alouettes qui volaient le maïs. C’est comme ça que je me suis musclé la voix. »

Élève brillant, ses parents l’orientent vers le CPR, l’équivalent de l’Ecole Normale, pour devenir instituteur. Mais très vite sa mauvaise vue lui fait défaut, ce qui le pousse à abandonner ses études.

Il passe alors son temps avec sa guitare, et fréquente les bistrots près du marché de Bamako. « Je me suis mis à chanter pour distraire les buveurs. Ils aimaient bien ma voix. »

Il quitte son village natal, Djoliba, à 17 ans, « pour conquérir le monde de sa voix majestueuse » et pour le moins puissante.

Dans les années 60’, il intègre un des orchestres phares de la scène locale malienne, le Rail Band. Mais très vite, les voix s’élèvent. Au Mali, où la loi des castes persiste, il est hors de question de voir un descendant d’Empereur devenir musicien. « On me disait : « Un Keita, ça doit pas chanter ! » Moi, j’y tenais pas vraiment, mais que faire d’autre ? » « Lorsqu’un Keita, descendant de l’empereur Soundjata, celui-là même qui a établi ce système social au XIIIe siècle transgresse cette loi en devenant musicien, c’est tout l’ordre du monde qui s’en trouve chamboulé ».

Son attirance pour les courants modernes venus de l’Amérique et de l’Europe le pousse vers le groupe des Ambassadeurs. À la différence du Rail Band qui consacre l’essentiel de son répertoire aux chansons traditionnelles mandingues, « Les Ambassadeurs courtisent tous les genres, avec une prédilection pour la musique cubaine ; mais aussi la variété française, la pop anglaise, la soul américaine, le tango argentin, la valse musette. » Il y rencontrera Kanté Manfila, chef d’orchestre du groupe, avec qui il partagera une bonne partie de sa carrière musicale.

Au moment où s’installe la dictature au Mali, en 1979, il s’enfuit avec Les Ambassadeurs, et s’exile à Abidjan, considéré comme la plaque tournante de la musique d’Afrique de l’Ouest. Mais refusant de jouer en plein air pour les baptêmes et les mariages, le groupe est très vite boycotté en Côte d’Ivoire. Pour jouer, il est obligé de louer des instruments de musique pour se produire tous les samedis dans les boîtes de nuit.
Bientôt, un responsable de la radio ivoirienne remarque les membres du groupe et leur ouvre un studio d’enregistrement, à condition qu’ils entrent par la fenêtre après minuit sans se faire voir par le gardien. De cette aventure naîtra « Mandjou », le premier tube mandingue de l’ère moderne. « Cet enregistrement est parti au Bénin pour être masterisé. Alors, tous les producteurs se sont faits la guerre pour ce disque et on a obtenu un bon contrat. Le disque Mandjou est devenu un événement historique pour la musique africaine. »

De ce succès Salif Keita et Kanté Manfila s’envolent pour Washington où ils produisent Primpin, « chanson aussi scandaleuse par son propos (on y parle d’alcool que de drogue) que révolutionnaire par sa sonorité » Le triomphe est de nouveau au rendez-vous. Salif Keita acquiert ainsi une dimension internationale.

À la fin des années 80’, Salif tente une carrière solo. Il part à la conquête de la France, et enregistre en 1987 l’album « Soro », grâce auquel il impose le « concept d’Afro pop». Aidé de Jean Philippe Rykiel et François Bréant, il mêle blues, musique mandigue, orgue, saxophone, et fait mouche. Grâce à ce succès, Salif Keita impose sa touche dans le paysage musical français.

Quatre ans plus tard, il enregistre l’album « Amen » auxquels participent Joe Zawinful, Wayne Shorter et Carlos Santana. « Ma démarche vers le rock, le jazz ou la soul était nécessaire. Jouer avec Carlos Santana ou Joe Zawinul signifiait pour un autodidacte tel que moi, des progrès rapides. C’est ce qui me permet aujourd’hui d’aborder la musique de mon pays avec plus de maîtrise, d’assurance et de profondeur. »

En 2002, enfin, il sort « Moffou », couronné en France d’un disque d’or. Par cet album, il fait renaître la musique classique mandingue et ses instruments majeurs comme le n’goni (luth), le balafon (ancêtre du xylophone) ou la calebasse (percussion), présentés aujourd’hui comme les ingrédients obligés de toute production ouest africaine.

En octobre 2005 est paru son dernier album « M’Bemba », enregistré au Mali dans les studios qu’il a fait construire chez lui à Bamako. « M’Bemba, c’est l’ancêtre, le grand père, celui que Salilf, en esprit prend à témoin pour révéler l’absence de mansuétude et de générosité dont une partie de la société traditionnelle mandingue peut faire état. » Comme un retour aux sources, cet album semble parler de ses racines : « Ainsi Salif, le rebelle, le briseur de tabous, celui qui fut maudit pour avoir transgressé la loi de sa caste, revient-il sur le terrain de ses adversaires : la tradition. »

Il y chante en malinké et en bambara. « C’est ce qui me ressemble le plus, explique-t-il, mais c’est aussi plus directement accessible pour mes musiciens ». Après plus de 20 ans de carrière internationale, « c’est avant tout pour lui un aboutissement de longues années d’exil, dont il n’est rentré qu’en 2001 ». En rentrant « à la maison », Salif le Rebelle s’est assagi. Il faut dire qu’un tournant est à venir dans sa vie. Comme le dit le premier morceau de son album, « Bobo », il parle du bonheur, celui qui lui est à venir. Celui d’être père, car sa compagne, Mafi, porte son enfant, sa fille. (selon Les Inrockuptibles Oct 2005).

Comme plusieurs artistes africains, il lutte pour la démobilisation des enfants soldats. De leur collaboration est née l’album « No child soldiers », créé avec le collectif français contre l’utilisation d’enfants soldats et l’assocation Aïkah. Le but de cet album est avant tout de sensibiliser l’opinion publique à ce problème, et de venir en aide à ces enfants totalement désociabilisés.



Dernière mise à jour le 07/11/2008

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