vendredi 8 mai 2009

ILS ONT FAIT LEVER PLEYEL


La scène envahie par le public, les allées encombrées... Les musiciens africains ont une compétence incontestable pour semer la zizanie dans les endroits sages. L'élégance froide de la Salle Pleyel ne semble pas adaptée à des musiques vers lesquelles on se dirige comme on va à la fête. Salif Keita, samedi 18 avril, a apporté un ébouriffant démenti.

Après un début de concert paresseux, la grande voix du Mali, toujours aussi émouvante, même si elle a perdu en audace dans les aigus, accélère le pas, saute, danse les bras en croix tandis que ses deux choristes déploient leur grâce dansante. La salle est debout.

La veille, toujours à Pleyel, la star sénégalaise Youssou N'Dour a su aussi décrisper l'atmosphère, aidé par la présence d'un fort contingent de compatriotes dans le public. Salif Keita ne bénéficie pas de cette chaleur communautaire. Peu de Maliens, mais autant de monde. Une foule qui a valeur de plébiscite pour ces deux chanteurs qui, en ce printemps, ne sont pas portés par un nouveau disque.

Paris est la seconde étape de la tournée européenne de Salif Keita, né en 1949 à Djoliba, un village malien au bord du fleuve Niger. Il a délégué un temps la surveillance de son chantier, un village de vacances, des cases en matériaux traditionnels, auxquelles on accédera par pirogue, non loin de chez lui, à Bamako, capitale du Mali. Son prochain album est prévu pour la fin de l'année.

A Pleyel, Salif Keita a chanté des titres piochés essentiellement dans les trois derniers disques, dont M'Bemba (Universal Music France), paru en 2005. Le chanteur y réaffirmait un attachement à ses racines, et faisait la part belle aux instruments traditionnels.

Sur scène, il amène avec lui la calebasse (jouée par Mamadou Koné) et le kamalé n'goni (par Harouna Samaké), la harpe des chasseurs du Wassoulou, région au sud du Mali. Ces instruments mériteraient plus d'air pour respirer, étouffés sous la frappe d'une batterie peu délicate. Qualité dont n'est en revanche pas dénué le guitariste guinéen Ousmane Kouyaté. Auteur d'un bel album (Dabola, Universal Music Jazz), il est le soliste le plus mis en avant.

Au rappel, Salif Keita, qui connut rejet et souffrance dans son enfance du fait de la couleur blanche de sa peau, revient seul avec sa guitare chanter Folon, ballade mélancolique d'un album (1995), dédié aux albinos.

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